LES PLUTÉRIENS

LES PLUTÉRIENS

Les plutériens est un opéra-poème complexe et populaire qui se déploie sur plusieurs plans, de structure apparemment classique ; un prologue, trois actes, un épilogue, un choeur, un orchestre, et trois protagonistes dont un ordinateur « cantique ».

Nous avançons sur un fil narratif digne d’une série B de science fiction, une poignée de femmes et d’hommes quitte la terre dans une marmite cosmique, devenant ainsi les plutériens ; ils tentent par cette fuite, par cette expérience, de muter, d’opérer une transformation, ils s’interrogent sur tout ce qui conditionne leur parole et leurs pensées, l’aventure intergalactique devient alors une aventure métaphysique et poétique ; surviennent des rebondissements que l’on pourrait qualifier de « folkloriques » d’un point de vue narratif: champs d’astéroïdes, histoire d’amour, meurtre, mutinerie, explosion finale… On est pas loin du cliché, le cliché qui fait qu’on peut partager un truc avec l’étranger, avec celui ou celle qui ne parle pas la même langue que nous, le cliché comme point de départ d’une rencontre, le cliché qui rassemble et qui permet, par la déformation, d’inventer autre chose.

D’un point de vue musical, les membre de l’arfi ont épousé l’aventure et nous emmènent d’un style de composition à un autre, comme on passerait d’un monde à l’autre: de l’expérience bruitiste au big band de jazz, en passant par des pointes orchestrales wagnériennes, des chansons récréatives minimalistes, des fusions musicales auxquelles on peinerait à donner un nom sinon à triple rallonge. Cette mosaïque de styles est une grande force pour le projet car le son de la Marmite est commun, tout ça trouve sa cohérence dans la pratique, dans l’expérience, dans l’aventure, dans la vibration partagée.

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L’écriture de Charles Pennequin, au centre de ce maelström musical, se construit elle-même par couches successives et de différentes façon: ça avance, ça ressasse, ça gonfle, ça répète, ça empile, ça pense en parlant; ça fait l’effet d’une poésie brute qui à l’air de jaillir comme un gésaire de mots, comme une matière sensible et sensée qui agglomérerait toutes les catastrophes du monde sur toutes les échelles possibles, de l’intime à l’univers en passant par le journal télévisé. Et ça articule, ça mâche, ça organise, ça refait du sens à l’instincte « comme ça vient », mais débarrassé des dogmes et des conditionnements.

Ça se paye le luxe d’être un oracle Charles Pennequin, et c’est drôle « dans la langue », par le jeu de mot, la contrepèterie, la répétition obsessionnelle, la mise en crise et la réorganisation de la mécanique du langage.

Les spectateurs ne sortiront pas indemnes, ils seront nos passagers, on les embarque, ils seront avec et pas face à nous, dans la fusée, dans la Marmite… jusqu’à la fin, et juste après.